
Nous sommes actuellement dans une période de notre histoire qui nous amène à devoir remettre beaucoup de choses en question, si ce n’est la totalité.
Cela peut sembler être une impasse, vouée au domaine du rêve.
Pour beaucoup d’entre nous, la solution serait l’effondrement du système pour tout recommencer. La question que je me pose est la suivante : N’y a-t-il pas moyen de préparer une transition afin qu’une transformation puisse se faire, et peut-être éviter le chaos certain et logique à venir ?
Nous avons été pris dans des rêves d’abondance et de croissance depuis que l’agriculture, le pétrole et l’informatique, ont participé à l’élaboration de notre réalité d’aujourd’hui, dans laquelle nous sommes tous profondément ancrés.
Profondément ? Je ne crois pas. Je vois maintenant des alternatives qui nous permettent de réellement répondre à nos questions, et résoudre les problèmes que nous avons laissé s’enraciner.
Mais pour cela, il est nécessaire de bien comprendre la source du problème, pour enfin y chercher des solutions progressives et adaptables à chacun et tous à la fois.
La mondialisation a permis d’exploiter les ressources mondiales pour le bien de tous ceux qui peuvent se le permettre, mais les choses peuvent-elles continuer à évoluer ainsi ?
Quand on regarde bien tout en détail, nous nous dirigeons vers une catastrophe planétaire, qui a le potentiel de balayer tous les rêves permis en cette période de grand confort.
Car le temps de croissance et d’illusion naïve que la terre a des ressources infinies est désormais révolu.
Nous sommes maintenant en période de décroissance, les pics d’exploitation des matières premières ont été atteints, et nous assistons maintenant à une augmentation du prix de toute chose car notre consommation est plus élevée que ce que la terre et notre façon de produire peuvent faire dorénavant.
Le système humain est devenu principalement commercial, et le plus grand commerce est bien évidemment la nourriture.
Le paradoxe est que notre nourriture censée nous donner de l’énergie, est devenue l’une des principales sources de pollution, autant pour notre santé, que pour celle de toutes les espèces vivantes sur terre.
Le système agroalimentaire qui, avec la mondialisation, est devenu un commerce riche pour beaucoup d’entre nous, est en réalité une impasse. Car une minorité s’enrichit sur des exploitations contraires au système naturel et favorise la destruction de celui-ci.
L’agriculture c’est aussi notre lien avec la nature, se nourrir de ce que la terre a à nous offrir.
Dans notre façon de profiter des vertus de la terre, un sombre avenir se crée par notre exploitation totale des terres sauvages, dont la finalité est une transformation de ces dernières en terrains de mort, là où la vie se fait rare, et la terre vivante et nutritive devient un désert aseptisé.
Les transports, l’élevage et le stockage des animaux, la transformation de terres sauvages en terre dénudées d’arbres et en monocultures sur des hectares, tuent à grande vitesse toute la vie dans le sol, et incitent à rajouter toujours plus d’engrais, de pesticides et autres. Le sol ne nourrit plus, les cultures deviennent malades et comme elles sont forcées de continuer de la sorte, c’est la dégringolade, et ce, dans des milieux de moins en moins vivants.
C’est la culture de la mort. la base de notre alimentation mondiale est en train de nous plonger dans une fin de vie.
Mais heureusement, la réalisation, pour une partie de la population du globe, du fait que le commerce du pétrole va très rapidement devenir un bien luxueux, et dont seulement une minorité de personnes pourra se servir, nous amène à nous poser des questions.
Qu’allons-nous faire ? Comment amorcer cette transition ?
Actuellement, nous sommes pleinement dépendants du pétrole.
S’il n’y avait plus de camions de transports, car le pétrole serait soudainement inaccessible ou ayant un prix bien trop élevé, les centres alimentaires seraient vidés de tout en 4 jours.
La réponse est là, la mondialisation nous a amené à tout importer pour bénéficier de prix avantageux. Mais le résultat est que la production locale disparaît et se fait détruire face aux grands commerces des multinationales, cassant tous les prix et détruisant tous les écosystèmes. C’est une forme d’aliénation totale, car nous nous sommes mis dans un schéma esclavagiste sans même nous en rendre compte.
Je crois que la question primaire face à cette transition qui commence à se faire de partout dans le monde est : Que savons-nous faire réellement ?
Réapprenons à utiliser nos mains, à utiliser nos savoirs collectivement pour engendrer des projets durables, qui nous permettent, autant de redonner un sens profond et juste à nos vies, qu’à participer à un mouvement transitoire de l’espèce humaine, qui pourrait bien marquer une révolution silencieuse…
Avec notre argent, nous sommes devenus des marionnettes croyant vivre dans un monde où tout est possible, où l’on peut profiter de chaque chose comme étant méritée, car issue d’un dur labeur.
Mais non, l’argent nous amène surtout à devenir des sur-consommateurs et à effectivement profiter de tout, mais également sur le dos de ce même tout.
Cette logique de vouloir toujours plus, montre que nous n’avons, au final, pas grand-chose et que notre avidité à grande échelle provient de ce vide.
Mais ce paradigme est en train de disparaître, cela a-t-il l’air utopique ? Non pas du tout.
Une fragilité grandit jour après jour, et de partout, cette fragilité conduit certains d’entre nous à mettre en place des alternatives.
Des collectivités se forment de partout dans le but de relier vie moderne, vie sociale et respect universel.
Ce qui était des groupes de discussions hier, grâce à l’exemple et aux solutions proposées, a pu prendre une certaine ampleur aujourd’hui, amenant à voir plus loin pour le lendemain.
Car ce sont bien des villages et des villes qui arborent l’étendard de la transition.
Ville en transition, c’est comme ça qu’on nomme ce nouveau mouvement qui a l’audace de casser toutes les conventions, de s’intégrer parfaitement au systèmes actuel pour le transformer petit à petit.
Telle une purification complète et profonde.
L’idée ? La re-localisation, la résilience et la participation citoyenne.
Voir une ville, organisant des débats, où l’imaginaire des citoyens fuse pour améliorer les notions de vie, telles que vivre ensemble, produire localement, partager équitablement, ne plus être dépendants de sources d’énergies extérieures, des transports en commun, des banques locales qui elle-mêmes ré-injecteront l’argent dans les projets de villes en transition.
Tous les domaines de base au bon fonctionnement d’une civilisation sont en train d’être revus, mis à jour en quelque sorte.
C’est une opportunité de toute beauté que de savoir possible et de voir, à certains endroits, en pratique, un réajustement complet de la gangrène de notre monde.
Plutôt que de baser nos forces, sur notre pouvoir d’achat et sur des groupes ou partis qui nous dépassent.
La force ne peut venir que de la population générale et de l’implication que nous avons dans l’évolution des choses.
C’est la co-création participative de projets qui amène à redonner valeur à un système.
Si tout le monde rentre dans le jeu en voulant mettre son grain de sel et que les politiques administratives soutiennent la concrétisation des démarches, dans un objectif durable et local, pour le bien de la communauté, c’est tout le fonctionnement d’une ville qui en est transformé. Chacun peut agir et apporter à l’ensemble.
Soudain un nouveau monde semble être en train de se dessiner, et une fois que cela commence, les événements se synchronisent très vite pour créer un tremplin pour ceux en plein lancement.
Se libérer de l’emprise des grandes banques et multinationales est aujourd’hui possible.
En créant de nouveaux modèles de vie et en prenant exemple sur ceux déjà existants ou en cours, nous participons à la création d’un présent que nous avons décidé et non subi.
Ensemble nous pouvons tout faire, faut-il seulement le vouloir ou y croire.
Je vous invite à regarder ce super-documentaire qui trace l’histoire de ce mouvement en plein essor.
Eliot Cohen



