Aujourd’hui c’est le weekend et cela marque deux jours de repos complet et d’annihilation complète de mon mental en pleine effervescence. Alors Je me laisse errer en mon simple ressenti d’être ici.

Le vent siffle et porte un bien être ressourçant.

Car après une semaine de charge mentale très élevée pour mon esprit, je peux enfin me permettre de me reposer quelques instants.

Ce n’est pas que mon boulot est dur en soi, même bien au contraire.

En réalité, c’est qu’ici que je suis absolument Libre.

Tel un patron qui  est soutenu  par 10 employés qui travaillent pour lui et qui peut monter tous les projets qu’il souhaite sans trop de limite.

J’ai donc commencé par faire un projet d’agroforesterie dans des lignes d’arbres déjà plantés,

pour y introduire du Moringa, beaucoup de Moringa.

J’ai dû m’informer sur ce qu’était l’agroforesterie plus en détail afin de pouvoir expliquer et

former les ouvriers à reproduire exactement le concept en pratique.

Le Blanc parmi les Noirs qui donne des leçons..

En sachant qu’ils ne parlent pas français. Et qu’il fait 35 degrés tous les jours.

Donc j’ai dû m’acclimater émotionnellement et sociologiquement à plusieurs reprises. Ayant des

notions et des manières issues de cultures tout de même très diverses.

Pas toujours facile. Mais tant qu’on en rigole ça va !

Donc à mes yeux, la meilleur manière d’expliquer le travail à faire, c’est de le faire avec eux tout en m’adaptant à leur comportement.

Ça a super bien bossé, j’en ai perdu quelques paquets de clopes, mais j’ai surtout créé des liens au milieu de nulle part vraiment riches pour mon cœur.

Depuis, cela m’a éveillé une force certaine qui a toujours habité en moi mais qui jamais n’avait été valorisée professionnellement.

Celle d’organiser, du début à la fin, un projet innovateur et complètement personnel. Nécessitant s’informer d’absolument tout au préalable et petit à petit.

Et sans que l’on me dise cette fois : He ho :

Redescends sur terre mon petit gars, faut s’adapter à la réalité économique !

Non, cette fois, aucune limite autre que les moyens du bord et des ouvriers heureux de travailler pour un projet original et expérimental.

Alors mon esprit s’est mis à puiser inspiration dans la sagesse écologique de l’environnement. Répertoriant les plantes fruitières résistantes, allant visiter les petits villages faits de terre cuite, de raphia et de paille pour apprendre leurs manières de cultiver et leurs types de plants cultivés.

J’en ai le vertige tellement ici chaque plante a encore un lien avec la médecine courante, les vieux en tout cas sont d’une connaissance locale vraiment merveilleuse, mais comme chez nous, l’interêt du local disparaît au fil des générations.

J’apprends vite et à l’aide d’internet je peaufine et comble les lacunes.

Un jardin sur 700 m2 en agroforesterie naît 2 semaines plus tard, issu d’un rêve tropical, me réveillant au milieu de la nuit et en me forçant à dessiner les premières esquisses au son des grillons sauvages et sous la lumière intense d’une pleine Lune lourde et chaude.

Ceci marque le début de grandes réflexions et d’ajustements et quelques difficultés du terrain font que le démarrage est lent, mais mon envie certaine pousse les choses à bien se développer par la suite.

Au début, muni de mon GPS, je calcule tout, tente de faire les plans au centimètre près afin que tout soit parfait.

Maintenant, je vais sur le terrain, et à l’oeil + l’imagination. Tout se dessine. Faut juste quelques

bâtons pour délimiter les zones et du sable pour dessiner ce que je veux.

En fait, petit à petit, le jardin sort de mon cahier de dessins pour devenir un Univers qui se complexifie et se diversifie de nouveaux modules se voulant être continuellement productif.

La différence entre le plan de base et celui d’aujourd’hui prouve une bonne vingtaine de réajustements. À cause du sol, des saisons, des types de plantes et des conseils des gens du coins.

Ce jardin se veut être un modèle pour prouver aux paysans environnants, qu’il y a moyen que sur une petite parcelle, On puisse cultiver bien plus que simplement du Manioc.

Que la richesse d’une vente au marché, de par sa diversité et sa qualité, attire client et inspire autrui.

Alors je me suis lancé.

Une Zone de plate-bande agro-forestière, avec 5 grandes plates-bandes de 30 m de long,

250 m2 au total.

Des arbres fruitiers sous formes de lignes de vergers s’intercalent entre les plantes potagères et

médicinales en dessous.

Le but est de redonner vie au sol en taillant régulièrement les arbres et les plantes afin que tout ce qui monte reviennent nourrir et protéger la terre.

En taillant, les racines réagissent et vont plus profondément tout en se ramifiant, ce qui crée une meilleure capture de l’eau et des éléments. Tout en apportant de la matière organique au sol et en rajoutant une couche de paillage qui conserve l’humidité et protège des rayons UV d’un soleil tapant non-stop.

Donc pour les fruitiers : Des Jujubiers, Bananiers, Cocotiers, Papayers, Cajoutiers, Avocatiers, Goyaviers, Moringa en plantes phares un peu partout mais aussi des citronniers et orangers.

Ceci pour la première lancée, car dès que l’ombre s’installera progressivement au jardin, j’espère y voir un jour de la vanille, de l’Ylang Ylang, du café, cacao, et plein d’autres fruits encore peu connus de chez nous.

Pour les plantes, j’ai décidé de valoriser les plantes faisant office de fertilisant et de couvre-sol afin de prendre racine dans la première étape du jardin : redonner vie à la terre.

Donc quelques exemple de légumineuses dont le Voandzou qui me semble être la plante phare de

petite taille. Mais aussi diverses variétés de lentilles, de piments et d’ails pour éloigner les insectes et créer une solution de traitement biologique et d’ici. J’oublie les quelques maïs disséminés par-ci et par-là ainsi que les surprises qui apparaissent à chaque promenade.

Au début, la nourriture produite servira uniquement pour la terre -en tout cas les 2 premières années- afin de créer un cycle qui s’auto-régule et dynamise le lieu d’une vie en plein développement.

C’est que par la suite que l’on pourra commencer à produire pour l’alimentation humaine.

Mais cet espace de production se veut être dépendant d’intrants rares et chers si on ne lui ajoute pas des modules complétant le système biologique.

C’est alors que plusieurs nouvelles zones sont attribuées afin de faire un circuit le plus complet possible.

Une Zone de Riziculture avec 2 espaces chacun pour une variété de riz.

Une zone Bassin de Rétention afin de stocker l’eau et alimenter les plantes sans trop de chemin à faire.

Une Zone de compostière avec peut-être, à la clé, un élevage de larves de mouche Hermetia illucens afin de créer un compost de bonne qualité et rapidement.

Et pour finir, une zone d’apiculture avec une ruche et

un espace de prairie fleurie.

Bref, ici, on est dans un pays en voie de développement et le but c’est de créer un circuit fermé, le plus autonome possible et qui puisse inspirer à être un modèle hors des conventions traditionnelles oh que trop souvent limitées partout dans le monde.

Les paysans pourront idéalement récupérer des boutures et semences de chaque plants afin d’exporter ce modèle et de le remodeler comme ils le sentent.

Pour l’instant ça démarre. Mais les plantes en milieu tropical croissent 4 fois plus vite que chez nous, donc d’ici quelques années et Inchallah si tout se passe bien, le système aura pu partager pas mal de leçons. Et les erreurs et problématiques nous poussent toujours à de nouvelles pistes intéressantes alors j’y crois.

Et comme à chaque fois, si le cœur continue à y investir de l’énergie. C’est le début d’une grande chose à mes yeux.

Apprendre à créer un concept de A à Z, de faire un plan détaillé avec les moyens du bord, de définir un calendrier des tâches et activités, à faire un budget mensuel et encore imaginer un business plan.

Bref.

L’autonomie est dure au début. Mais elle réveille l’Homme qui est en moi.

Toujours à suivre des ordres. Là je suis totalement mon instinct et je dois être responsable de tous mes agissements d’un point de vue personnel.

Je ne dois des comptes qu’à moi et Mère Nature. Et c’est ça aussi qui me fait vibrer.

Je sais maintenant que si je veux exporter et multiplier ce projet d’agroforesterie pour d’autres situations et environnements, le modèle 2.0 sera plus élaboré et recherché. C’est un chemin de vie, une aventure. Et je me réjouis de voir où cela me porte.

Bien sûr, seul je n’aurais pas été bien loin, et je remercie tous ceux qui m’ont aiguillé, éclairci, déstabilisé, et qui ont soutenu d’une manière ou d’une autre ce petit bout de rêve en devenir.

Encore une fois. C’est ensemble que la vrai force devient créatrice.

Eliot Cohen

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