
Cette nuit, bien des mondes intérieurs me sont survenus.
À partir de ce rêve profond, beaucoup d’images et de ressentis sont apparus en moi.
Façonnant mes perceptions que j’ai de moi-même et de mes agissements.
J’ai commencé par retrouver une dignité perdue, pour ensuite qu’elle parte en lambeaux. Éclatant dans un torrent d’eau glacée, déchiquetée et éparpillée en mille morceaux représentant chacune des faces cachées de mon monde obscur.
Je réalise que mon orgueil tente constamment de contrôler mon chemin pour le rendre agréable et conforme à un certain plan.
Mais ce plan est une vision extrêmement astreinte de ce qui est, car mettant en abîme toutes les difficultés, elle est inspirée par la voie de la médiocrité et de la facilité. Cette pensée qui m’amène à juger l’extérieur plutôt qu’à agir dans l’intérieur. Comme si ce que je suis dans l’intérieur, devait être étranglé sauvagement par peur d’une liberté sauvage et consciente.
Je me noie chaque jour dans une pluie de mirages, je rejette mes responsabilités sur ceux qui tentent de m’avertir. L’orgueil me faisait croire être un être de compassion, un messie victime d’un monde cruel en quête d’un espoir après une longue perdition éternelle. Je ne suis pas ce que je crois être, peut-être bien même tout le contraire.
Je l’ai toujours su, je le savais. Mais je ne pouvais pas accéder à cette compréhension dissimulée juste derrière mes voiles de fuite. Soudain, quand les rideaux s’ouvrent, tellement de lumière vient submerger ma conscience que cela fissure tout ce qui résiste en moi. Toute la lourdeur devient apparente, tous les tabous deviennent vivants et rentrent intrinsèquement en moi tels une unité.

Je ne peux plus porter le poids de toute fausse croyance.
Mon ego me mène là où je ne veux pas aller. Au fond de moi existe une bête, un Diable qui se présente comme Dieu. Il vient me sauver de mes misères, m’apporte confort et tranquillité dans une insouciance toute parfaite, mais les mensonges s’effritent toujours continuellement.
Certains signes révèlent cette fausse réalité et amènent à mettre en doute la parole du Diable. Miséricorde, comment faire ? Mais le Diable sait porter plusieurs vêtements, et il est un conteur né. Il chante de par sa flûte magique, les murmures que mes douleurs comprennent.
Accroché tel un parasite à mes confits, il les cultive et les fructifie derrière mon dos. Plus il boit, plus le vide m’emporte, tel une sirène échouée sur les rives de mon propre abandon.
Mon corps me ment constamment. Il guide mes pas vers la fuite, comme s’il y avait toujours un danger. Mais à force d’être porté par le danger, il devient réel. Il se produit véritablement un point de basculement où les ténèbres reviennent de parmi les morts. Là où les mondes se rejoignent pour ne faire qu’un, cet espace de fusion, tel la porte de Brakmar ouvrant les voies à la liberté de choisir.
Marche ou crève. Ne te laisse pas manipuler par ces chuchotements de tendresse.
Prends ton bâton de pèlerin, accroche toi dur comme fer à chaque pas, afin de te concentrer sur l’instant de départ, car tout vient du mouvement.
Sans mouvement, comment pouvons-nous continuer un projet, s’il ne commence même pas les premières esquisses et premiers gestes ?
Zen Baboon, ce merveilleux artiste musicien a créé une brèche dans mon coeur et a permis de réveiller les mémoires enfouies de mes gènes. Me faisant revenir à la raison, les longs pèlerinages de mes ancêtres qui ont traversé tant de misère et de re-trouvailles.
La vie n’est-elle simplement que ça ? Une suite de longues transformations perpétuelles, telle une énergie qui tournoie sur elle-même pour former toutes les essences mêmes.
Des désert les plus arides, aux vastes pleines humides et abondantes…
Je suit mort les boyaux ouverts sur un caniveau, attendant quelques sous.
J’ai retrouvé l’espoir d’une possible vie sécure et le seigneur m’a posé à suivre une discipline claire, me faisant marcher droit pour éviter de retomber dans le caniveau.
Je ne regarderai plus mes voisins et continuerai à suivre le code.
Mais petit à petit, le confort m’entraîne à me sentir plus fluide et à retrouver mes capacités de penser. Alors j’ai pu commencer à faire des affaires et à faire fructifier mes histoires. Mais les histoires qui se créent dans le seul but de faire fructifier des plaisirs personnels nous entraînent indubitablement toujours dans des galères et la roue tourne constamment.
Si la météo n’est pas bonne, l’oseille ne se récolte plus.
Alors on trime, et on sent le confort disparaître, après maintes lamentations, lamentations qui résonnent en egrégore dans le peuple. Une force de communion solidaire ravit les communautés, pour laisser parler ces voies mises en sourdine depuis trop longtemps.
La révolte gronde, et nous nous mettons debout face à ceux qui nous empêchent de trouver une dignité. Dignité qui perd de sens, face à cette rage qui s’éteint par les nuits froides d’attente du Salut tant convoité.
C’est là que la magie apparaît, le corps est notre instrument de musique, toutes ces histoires ne sont que des notes, et nous pouvons composer des symphonies en nous laissant porter par les esprits qui vivent en nous. Les esprits de toujours.
Domptés par les vents et les eaux, les courants tournoient et changent radicalement constamment. C’est une véritable danse au-delà des émotions qui se fait présente.
Le monde tourne autour de moi et je dois tourner avec lui, si j’arrête de tourner, je finirai échoué à attendre que le passé me quitte.
Je n’ai pas trouvé l’espoir ni la foi dans tout cela, mais j’ai compris qu’un mystère habitait intrinsèquement mes veines et que c’est par la force de mon coeur qui bat que je dois continuer. Non plus à croire ou à rêver, mais à sentir et à agir en conséquences.
Chaque instant a son lot de réactions possibles, et l’intelligence est de ne pas réagir, mais de continuer à danser selon les notes qui me sont insufflées.
La vie est magique, seulement si l’âme agit.
Alors maintenant, plutôt que de rester enfoncé dans le puit de mon confort, qui ne cesse de s’effondrer dans le vide béant, je décide de me lever pour mettre mes chaussures. Partir en marche vers une destination inconnue, mais ce qui compte est le voyage que je décide de faire dans l’instant. Chaque pas, chaque choix, chaque pensée est un univers à part entière. Et il suffit d’un acte pour sceller un choix prit dans tel ou tel univers.

Je t’aime Eliot, et J’aimerais vous remercier toutes, femmes que j’ai aimé, d’avoir été si présentes quand mes pleurs se sont confondus parmi les éclairs rugissants des pires tempêtes tropicales.
Tu étais là telle une ombre bien présente qui me rappelait que je n’étais pas seul, puis toi aussi derrière moi, à me tenir tête pendant les pires moments, puis vous vous êtes toutes confondues… L’amour de toutes ces femmes. Mère et épouse… s’est synchronisé dans l’apparition d’un amour féminin protecteur grandiose. Tel la Vierge Marie qui me fût une apparition en mon coeur.
L’Amour des Femmes…. On ne peut pas vivre sans.
Je sais maintenant que même si nous nous apprécions plus entre deux personnes qui se sont aimées, au fond, un lien réside extrêmement puissant, tel une famille d’âmes qui se protègent.
Nous pouvons nous en vouloir, ne plus nous voir, nous jeter des sorts par les coeurs et dans le monde des yeux. Mais au fond, dans l’obscurité il n’existe que l’amour et le lien. Et nous nous aimons.
La haine n’est qu’une farce de l’amour perdu dans la matière. Une expression d’illusions qui nous séparent de la source mère des énergies.
Plus on se sépare du courant originel et plus les énergies perdent de leur pureté pour se fragmenter en émotions, puis en sentiments, puis en paysages qui se délabrent petit à petit.
Ces paysages ne sont pas la réalité juste des ruines de nos fausses actions qui nous entraînent dans des paradis artificiels. Que le monde éclate en mille morceaux pour laisser apparaître la vérité qui réside au fond de chaque chose.
C’est cela l’apocalypse. Des Ténèbres revient le vrai, la lumière.
Ne nous accommodons pas de cette douce lumière de paix, car la paix si elle se sépare du chaos, devient futile, niaise et s’évapore, pour laisser regrets et amertumes de nos choix sans conscience des conséquences.
Réfléchis, agis, respire, vis l’instant, écoute les esprits te soutenir depuis toujours.
Car Mère est là, si tu la ressens, elle continue de te nourrir et de te baigner d’un amour tel un océan de gratitude.
NE L’OUBLIE PAS.
Eliot Cohen